Assurance IARD
Un portrait détaillé des automobilistes français, loin des clichés
Alors que l’Union européenne réforme en profondeur les règles du permis de conduire, une étude d’une assurtech dévoile un portrait détaillé des automobilistes français. Loin des stéréotypes, les données montrent une population prudente, stable, homogène dans ses usages. Et révèlent surtout que le fameux “jeune conducteur à risque” appartient largement au passé statistique.
Derrière la diversité des âges, des profils sociaux et des habitudes de conduite, les Français se montrent étonnamment constants. L’étude observe qu’environ 85 % des contrats auto ne donnent lieu à aucun sinistre, un taux particulièrement élevé pour un pays où le parc automobile vieillit et se renouvelle lentement. Cette homogénéité masque pourtant une répartition asymétrique, car les trentenaires et quadragénaires concentrent mécaniquement l’essentiel des déclarations : ils constituent le cœur du parc roulant et multiplient les trajets domicile-travail, facteur majeur de sinistralité.
Les comportements évoluent néanmoins avec l’âge. Les jeunes de 18 à 30 ans ne correspondent plus à l’image véhiculée depuis des décennies. Leur profil est même l’un des plus surprenants : 7 ans d’ancienneté de permis en moyenne, plus de 5 ans passés avec le même véhicule, et des sinistres proches de ceux de leurs aînés. Leur taux de sinistralité (8,36 %) n’est que légèrement supérieur à celui des 30–45 ans (7,81 %) ou des plus de 60 ans (7,26 %). La principale différence n’est donc pas comportementale, mais tarifaire.
La prime des jeunes atteint en moyenne 922,89 euros, près de 200 euros de plus que celle des conducteurs de plus de 60 ans. Elle s’explique par un bonus-malus plus récent et un âge statistiquement associé à un risque théorique plus élevé, même si la réalité du terrain nuance cette perception. En réponse, près d’un jeune sur deux opte pour une formule au Tiers, choix logique pour contenir ses coûts d’assurance.
La vision globale qui émerge est celle d’une population disciplinée, qui change peu d’assureur et conserve longtemps le même véhicule. Malgré l’arrivée des mobilités alternatives et d’une motorisation plus diversifiée, le rapport des Français à la voiture reste stable et lisible, en décalage avec les discours alarmistes sur les évolutions des comportements routiers.
Une économie de l’assurance façonnée par les âges de la vie
Lorsque l’on observe les 30–45 ans, tranche la plus représentée, les données semblent presque calquées sur un “profil de référence”. Quinze années de permis en moyenne, six années de fidélité au même véhicule, un équilibre entre garanties Tous Risques et formules intermédiaires. Leur prime d’assurance, autour de 809,72 euros, reflète cette position médiane : ni majorée comme celles des plus jeunes, ni allégée comme celle des seniors. Leur accidentologie n’a rien d’exceptionnel : près de 45 % des sinistres impliquent un tiers, 38 % un bris de glace. Leur usage du véhicule reste prévisible, stable, presque mécanique.
Chez les 45–60 ans, la maturité assurantielle se confirme. Avec 26 ans de permis en moyenne et 7 ans de fidélité au véhicule, ils bénéficient d’une prime plus douce (745,38 euros) et présentent toujours une sinistralité contenue (7,19 %). Ce groupe illustre le cœur solide du portefeuille automobile français : des conducteurs expérimentés, réguliers, qui arbitrent leurs garanties avec pragmatisme. Leur répartition — un tiers en Tous Risques, un tiers en Tiers, un tiers en Tiers+ — témoigne d’une grande diversité de situations personnelles, de l’actif installé au préretraité.
Une fois passé le cap des 60 ans, l’effet “longévité assurantielle” joue pleinement. Avec quarante années de permis en moyenne et un bonus maximal pour la majorité, les primes tombent autour de 710,19 euros. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les seniors seraient plus exposés au risque, les données montrent des comportements très similaires à ceux des autres générations : 46 % des sinistres impliquent un tiers, 36 % un bris de glace. Leur fidélité est remarquable : ils changent rarement d’assureur et conservent leurs véhicules dans la durée.
Cette stabilité structurelle est au cœur de l’économie de l’assurance. Les conducteurs les plus âgés, grâce à leur ancienneté et à leur profil technique favorable, constituent un socle de rentabilité essentiel pour les assureurs. Les plus jeunes, à l’inverse, paient davantage sans générer davantage de sinistres, ce qui explique leur rôle pivot dans l’équilibre global du portefeuille.
Les enseignements de Leocare interviennent au moment où l’Union européenne vient d’adopter une réforme majeure du permis de conduire : validité harmonisée à 15 ans, contrôle médical obligatoire, version numérique à venir. Or, les données montrent que les Français, tous âges confondus, sont déjà des conducteurs assidus et globalement prudents. Le débat à venir pourrait donc moins porter sur les comportements réels que sur la capacité des assureurs à ajuster leurs modèles tarifaires pour refléter une réalité plus nuancée que les stéréotypes.

